Dissertation sur "le regard [sur l’autre] […] est tour à tour hostile, compréhensif, passionné, indifférent, serein ou inquiet, répulsif ou admiratif. réaliste ou fantasmatique."
2855 mots
12 pages
De nos jours, dans une société mondialisée dans laquelle la communication est reine, l’affirmation de NAÏR Samir « Le regard [sur l’autre] […] est tour à tour hostile, compréhensif, passionné, indifférent, serein ou inquiet, répulsif ou admiratif. Réaliste ou fantasmatique. » semble évidente. Elle vise à montrer la multitude de regards différents sur l’autre. Plus encore, l’idée est ici développée selon laquelle les regards, loin d’être similaires, s’opposent en fonction de ceux qui regardent, et de ceux qui sont regardés. L’expression « tour à tour » quant à elle exprime une évolution du regard en fonction du temps. Mais qu’en était-il au XVIème siècle ? Dans quelle mesure les textes de cette époque confirment-t-ils aussi cette affirmation ? Dans un premier temps, nous étudierons le regard nouveau sur l’homme, puis le regard contrasté sur le nouveau monde et ses habitants et enfin le regard désabusé sur l’autre avec l’éclatement des guerres de religion.Au XVIème siècle, le regard change d’objet : quand Dieu était seul digne d’être regardé au Moyen Age, l’homme devient pendant ce siècle digne à son tour pour la première fois. Il est valorisé, placé au centre de l’univers et à la hauteur de Dieu. Nait alors une grande admiration pour l’homme qui marquera le début de l’humanisme. De la dignité de l’homme, de Pic de la Mirandole, est, dans ce contexte, l’un des textes fondateurs de l’humanisme renaissant, témoin de ce regard fasciné sur l’homme. Dans ce texte, Dieu est le sujet et parle à Adam. Il s’adresse à lui à la deuxième personne du singulier, ce qui crée une intimité entre lui et Adam, représentant de l’humanité, et ce qui les place presque sur un pied d’égalité. Pic de la Mirandole y écrit, au nom de Dieu : « Je t’ai placé au centre de l’univers, afin que tu regardes avec d’autant plus d’aisance à l’entour de toi tout ce qui est au monde. » On a donc ici l’idée de l’homme au centre de l’univers mais aussi un encouragement à regarder autour de lui, ce