Du Bellay Les Regrets, Sonnet 31 1 – Commentaire composé : I – La vision humaniste (rédaction) : Dans ce sonnet de Du Bellay domine encore, très présente, la vision humaniste du poète. Comme la plupart des humanistes de la Renaissance, il a accompli le voyage dont tous rêvaient : découvrir Rome et la civilisation latine. Mais l’intérêt humaniste se porte sur toute l’antiquité gréco-latine. Ainsi, dans le sonnet 31, Du Bellay évoque à la fois deux héros mythologiques grecs (Ulysse et Jason), puis Rome et sa grandeur. Le premier quatrain suggère donc au lecteur le bonheur humaniste du voyage. Le lexique y prend un caractère mélioratif, comme le révèle la valeur universelle et positive de la formule d’incipit du sonnet : « Heureux qui ». L’adjectif « beau » ajoute une touche qualitative. Le poète désigne les deux héros à travers deux comparaisons ; la première, « comme Ulysse », rappelle le désir proverbial du destructeur de Troie de rentrer dans son île d’Ithaque, après dix ans d’adversité. Mais au bout de ses souffrances, Ulysse trouve le bonheur du retour au pays natal. Même destin favorable pour Jason, désigné par la périphrase caractéristique du personnage : « comme celui-là qui conquit la Toison ». La toison d’or, chacun le sait, symbolise la prospérité de la cité qui la possède, et donc ce bonheur aussi qui échappe dans l’instant au poète exilé. Le verbe « conquit » souligne l’enthousiasme suscité par ce voyage. Tout est bien fait pour Jason, rentrant chez lui « plein d’usage et raison ». L’expérience du voyage lui a donné sagesse et sérénité, d’autant qu’au v4 il a retrouvé le bonheur de la vie familiale auprès de « ses parents ». La félicité de ce voyage achevé est aussi marquée par l’emploi du passé composé, et sa valeur d’accompli ; si le voyage est achevé, c’est un bien, en accord avec la maxime solennelle du premier vers. A travers ces deux héros, Du Bellay ajoute une tonalité épique à son sonnet car tous deux sont des guerriers, des