La justice n'est pas un sentiment mais une vertu qui n'est pas de l'ordre de l'émotion mais de la raison bien que tout parte de l'émotion ou du sentiment. L'idée même de se faire justice est une idée contradictoire puisque la justice suppose que la force cède le pas au droit. C'est justement la fonction du procès de nous faire passer d'une logique passionnelle de l'émotion à une logique raisonnable du droit. Le procès est alimenté par l'émotion mais il doit amener à la vertu. Penser à un droit sans la force, c'est penser à un droit impuissant mais la force sans le droit est titanique. Alain nous invite à faire un changement de perspective radical, qui correspond aussi à un changement radical d'attitude : il faut déposer les armes, et renoncer à la force. Force et justice, guerre et droit sont incompatibles : les uns ne peuvent donc servir d'instruments aux autres.
Ce texte se décompose en trois parties. Tout d'abord de la ligne une à deux nous parlons de force et droit. Ensuite de la ligne trois à six les sujets traités sont le droit et la justice. Et pour finir de la ligne 6 à la fin nous verrons la paix et la guerre.

Pour commencer, dans ces trois premières lignes Alain dit que l'on obtient pas la justice par la force mais par un débat qui se fera devant un arbitre qui doit être neutre, sans aucunes émotions. Alain met en place une première conséquence qui est le jugement rendu par un tribunal ne doit pas tenir compte des forces en présence. Alors que nous parlons souvent de batailles juridiques, il faut rappeler qu'un tribunal tire sa compétence du fait que nous mettons les forces en arrière. Il ne s'agit pas de savoir qui est le plus fort, mais de quel côté est le droit. La justice n'est possible qu'avec cette première conditions. La deuxième conséquence est que si la force ne fait pas le droit, c'est que le droit institue une égalité de droit entre tous les individus. Si bien que le droit devient la "force des faibles" comme l'a dit Alain. Nous sommes