Dissertations
Jaffré
Parler est-ce le contraire d’agir ?
Le présupposé de ce sujet semble indiquer que si je parle, je n’agis pas. Cette idée relève de l’opinion commune, qui a tendance à valoriser l’action au détriment de la parole. Ainsi, ce sujet suppose implicitement que parler est inutile et qu’agir est la bonne solution : à la passivité de la parole s’oppose le dynamisme de l’agir. De plus, combien de fois n’a-t-on pas entendu l’expression : « Arrêtons de parler, agissons ! » ? Les deux notions, « parler » et « agir » peuvent en effet sembler à première vue antinomiques, si l’on prend « parler » dans son sens passif, c'est-à-dire si l’on se contente de délibérer sans actions concrètes Toutefois, parler ne se résume pas qu’à cela, c'est-à-dire à émettre des paroles anodines. Lorsqu’on parle, on exerce la fonction du langage qui est une spécificité humaine. Par le biais de cette fonction, l’homme communique avec ses semblables et transmet ses états d’âmes mais aussi ses pensées et ses réflexions sur le monde qui l’entoure. Il peut donner des ordres, des conseils, des interdictions, faire passer des messages…Cette communication englobe à la fois la dimension orale et écrite. La notion d’action quant à elle, suppose des conséquences : une action permet de produire un ou des effets dont on est la cause et par laquelle une intention est réalisée volontairement. Si l’on dit par exemple que « le médicament n’a pas agi », c’est qu’il n’a eu aucun effet : il ne s’est rien produit. De ce fait, si l’on oppose « agir » et « parler », cela signifierait que la fonction langage n’a aucun effet, aucune conséquence. Peut-on réellement dire que tous les grands orateurs, les philosophes, ou les grands écrivains ont été inutiles, qu’ils n’ont eu aucune action sur le monde ? La philosophie, qui fonde toute sa confiance dans le pouvoir des mots, serait alors privée de toute efficace. Les deux notions « parler » et « agir »