Dissertations
1870 - 1995 | |
1. Du XIXe siècle à 1945 : une longue stagnation ?
L'héritage du XIXe siècle
Beaucoup d'historiens estiment que c'est au XIXe siècle que se déterminent les caractéristiques du « retard français ». Malgré des progrès indiscutables, en particulier sous le second Empire, le bilan de la période est souvent considéré comme négatif.
Particulièrement sur la sellette, la IIIe République. Dans leur désir de convertir la masse paysanne aux idéaux républicains, ses dirigeants auraient privilégié les intérêts de l'agriculture, au risque de décourager les autres activités. La petite propriété paysanne est donnée en exemple, le marché national est mis à l'abri de la concurrence extérieure : en 1892, Jules Méline inspire un tarif particulièrement protectionniste, dénommé « loi du cadenas », qui préserve les producteurs nationaux des importations de blés russe ou américain ; mais, du même coup, c'est toute l'économie française qui se trouve comme isolée du marché mondial.
La France reste ainsi un pays essentiellement agricole, comme le prouve la part du secteur primaire dans la population active (43,2% en 1906), alors que ce secteur représente moins du quart de la production nationale. Les vertus traditionnellement attribuées au monde rural sont valorisées : la prudence, l'épargne, le goût de l'indépendance : en 1913, la France compte près de trois travailleurs indépendants (y compris les agriculteurs) pour deux salariés. Beaucoup d'entre eux placent leurs économies de façon « sûre » (bons du Trésor, obligations étrangères comme les emprunts russes), au détriment de l'investissement dans l'industrie nationale ; d'ailleurs, les banques, depuis la faillite de l'Union générale en 1882, encouragent les Français dans cette attitude et ne jouent guère leur rôle d'intermédiaire en direction des activités productives. Ces constatations nourrissent déjà l'idée d'un malthusianisme français qui se manifeste sur le plan