Distance et proximité
En accompagnant les personnes âgées dans une institution ou à domicile, nous avons souvent à faire face à des contacts longs, allant de quelques mois à un ou deux ans et dans certains cas plus rares, au-delà. Comment tenir cette durée ? Notre affectivité nous joue des tours, nous nous épuisons et nous nous lassons aussi Comment garder cette juste distance que toutes les formations recommandent ? C’est certain : on ne tient pas dans la durée si cette distance n’est pas respectée. C’est une difficulté majeure de notre bénévolat en gériatrie. Avec le temps, nous finissons par en savoir beaucoup sur la vie de nos malades, leurs familles et leurs milieux de vie… Il est difficile de laisser le tout à la porte. Nous sommes si souvent tentés de souffler un conseil, de déclarer : « mais alors, il y a un mois, vous m’avez dit le contraire » si ce n’est d’interpréter : « vos nuits effrayées par les montagnes de vaisselles qui s’écroulent, c’est bien normal, toute votre vie, vous avez travaillé dans un restaurant… » Pourtant cette mémoire peut devenir un atout permettant de saisir une « perche tendue », deviner une demande autrement incompréhensible. Elle accroît nos possibilités de discernement. Tout dépend de notre capacité à regarder l’autre : « poser sur lui un certain regard. Ce regard est d’abord un regard attentif où l’âme se vide de tout contenu propre pour recevoir en elle-même l’être qu’elle regarde tel qu’il est, dans toute sa vérité. Seul en est capable celui qui est capable d’attention ». Simone WEIL Maintenir une petite distance, c’est aussi se garder soi-même dans l’accompagnement : cheminer à côté, très près parfois, mais ne pas permettre que nos chemins s’entrelacent. Eveillons note vigilance pour que ne s’ouvrent pas les portes de l’intimité de nos vies : « et vous, sentez-vous