Il était assis dans son fauteuil habituel.
La rêverie pouvait être perçue mais ce n'était pas celle-ci qu'il fallait voir en lui. Son visage était net et placide, ces petits plis qu'on appelle rides évoquaient pour moi un être marqué par l'expérience de la vie. Ses yeux bleus et son regard reflétaient à priori un être calme mais ordinaire. Sa simplicité était alors ce qui le rendait si exceptionnel.
Si le temps était bon, ou alors mauvais, à mon étonnement il n'en était que peu affecté. Pour lui il fallait prendre ce qu'on nous donnait et se contenter de ce que l'on avait. Telles étaient les bases qu'il me transmettait et qui rythmaient son quotidien sous mon regard admiratif.
Alors issus d'une famille de commerçants peu cultivés, il avait appris seul au cours de la vie à se construire une culture. Me disait-il ainsi que la curiosité était ce qui permettait de comprendre le monde, la société et les gens qui nous entourent. Ce n'est que passivité que l'on développe face aux institutions et au monde qui nous entourent si l'on ne se développe pas un esprit critique. Son expérience me guidait alors et me permettait de suivre une voie; cette voie; la voie qui à mon goût est la bonne pour devenir un homme mûr et cultivé.
Ce qui rend mon père à première vue ordinaire, c'est cette facilité qui se dégage de lui à pouvoir naturellement inculquer des valeurs qui rendent un homme mûr. Cependant être mûr c'est ce que tout adolescentacquerris au cours de la vie : seules les valeurs morales qui se dégagent de l'éducation de mon père, sa simplicité, son savoir le rendent exceptionnel.
Être un homme bien, faire preuve de bon sens, développer son esprit critique et sa curiosité pour comprendre le monde, c'est l'homme qui se trouvait assis dans son fauteuil, aux yeux bleus et au regard placide qui me l'a appris.