Droit humanitaire
Master 2 Professionnel & Recherche, Année universitaire 2012-13
Roger Koussetogue KOUDÉ
Maître de Conférences, Enseignant-Chercheur
I. ARGUMENTAIRE GENERAL
La guerre est une tragédie qui peut rapidement dégénérer en anarchie meurtrière, voire en régression barbare. C’est pourquoi, il faut un minimum d’humanité pour en limiter les conséquences. Ce minimum d’humanité est le fondement même, et le but, du Droit international humanitaire qui est un démembrement du Droit international général. Le Droit international humanitaire a pour vocation, non pas l’abolition de la guerre, mais tout juste d’alléger les souffrances des victimes et empêcher les belligérants de se livrer à la « guerre totale ». C’est ce qui fait du Droit international humanitaire un droit à la fois réaliste et pragmatique. Depuis la fin de la guerre froide, marquée par la division du monde en deux blocs, le Droit international humanitaire a connu un important développement : des formes nouvelles d’action telles que le « droit », voire le « devoir d’ingérence » (humanitaire, judiciaire, préventive, etc.) ont vu le jour et sont mêmes légitimées par les instances internationales dont les Nations unies. Ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes, car ces formes nouvelles de l’humanitaire bousculent l’ordre international public fondé sur la compétence exclusive des Etats comme seuls sujets et acteurs de Droit international, l’inviolabilité de leur souveraineté et leur « injusticiabilité ». La justice pénale internationale et l’alliance - quelque peu curieuse - entre l’humanitaire et le militaire, mise en œuvre depuis deux décennies, relèvent de cette évolution post guerre froide.
Cependant, il faut dire que cette évolution cache mal la difficulté de mise en œuvre du Droit international humanitaire, avec - à la clé - le problème toujours non résolu de l’exclusivité de la compétence étatique. En effet, malgré une évolution réelle au cours de