Définition de la laïcité par ferdinand buisson
En 1879, Ferdinand Buisson est nommé à la direction de l’enseignement primaire par Jules Ferry, alors ministre de l’Instruction publique. Dans cette fonction, il participe à la mise en œuvre du programme républicain sur l’école primaire (lois sur la laïcité et la scolarité obligatoire) et à sa promotion, à sa défense. C’est dans cette dernière perspective qu’il contribue au Dictionnaire de pédagogie Hachette (1881), pour lequel il rédige la notice « laïcité ».
Définition de la laïcité par Ferdinand Buisson
Ce mot est nouveau, et, quoique correctement formé, il n’est pas encore d’un usage général. Cependant le néologisme est nécessaire, aucun autre terme ne permettant d’exprimer sans périphrase la même idée dans son ampleur. […]
La laïcité ou la neutralité de l’école à tous les degrés n’est autre chose que l’application à l’école du régime qui a prévalu dans toutes nos institutions sociales. Nous sommes partis, comme la plupart des peuples, d’un état de choses qui consistait essentiellement dans la confusion de tous les pouvoirs et de tous les domaines, dans la subordination de toutes les autorités à une autorité unique, celle de la religion. Ce n’est que par le lent travail des siècles que peu à peu les diverses fonctions de la vie publique se sont distinguées, séparées les unes des autres et affranchies de la tutelle étroite de l’Église. La force des choses a de très bonne heure amené la sécularisation de l’armée, puis celle des fonctions administratives et civiles, puis celle de la justice. Toute société qui ne veut pas rester à l’état de théocratie pure est bientôt obligée de constituer comme forces distinctes de l’Église, sinon indépendantes et souveraines, les trois pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire. Mais la sécularisation n’est pas complète quand sur chacun de ces pouvoirs et sur tout l’ensemble de la vie publique et privé le clergé conserve un droit d’immixtion, de surveillance, de contrôle ou de