Extrait de Une vie (Maupassant). En quoi cette scène d’accouchement est-elle réaliste ?

Une vie, roman de Guy de Maupassant publié en 1883 et composé de 14 chapitres, relate les rêves et les désillusions de Jeanne, fille du baron Le Perthuis des Vauds. Notre réflexion porte sur un extrait du chapitre 8 qui décrit la scène de l’accouchement de Jeanne, accouchement qui survient peu de temps après qu’elle découvre que l’enfant de Rosalie, sa servante et sœur de lait est le fruit de Julien, son mari volage. Nous montrerons en quoi cette scène d’accouchement est réaliste, d’abord en relevant les indices réalistes présents dans cette scène, puis nous tenterons une analyse psychologique qui révèle la jalousie et la révolte de Jeanne. Enfin nous verrons comment la découverte de la maternité transforme la jeune mère.

I Une scène réaliste

a) des souffrances insurmontables

Ce texte regorge d’indices réalistes qui confèrent à la situation une dimension plutôt violente. Jeanne est dans la souffrance, cela commence toutefois par « une faible plainte » que l’ellipse induite par l’expression : « pendant deux heures on put croire …» prétend confirmer. Mais cette plainte se transforme en « douleurs » que Jeanne ne semble pas pouvoir maîtriser en dépit de ses efforts: « des cris involontaires jaillissaient entre ses dents serrées ». Elle finit par en être réduite à « souffrir » à cause de ce « petit être qui lui déchirait si cruellement les entrailles ». L’expression crue et concrète est d’un réalisme clinique. Outre le champ lexical de la souffrance physique plusieurs indices y ajoutent la valeur d’intensité : « les douleurs reprirent tout à coup avec violence et devinrent épouvantables », l’épouvante étant le stade ultime de la peur, et donc difficilement soutenable. Nous entrons dans l’hyperbole, les cris « jaillissaient » ce qui se réfère à la puissance, à l’image d’un liquide sous pression. Et ce n’est pas tout car cette violence dans la souffrance