Enfance de nathalie sarraute, étude du livre
Dans son livre Enfance (1983), Nathalie Sarraute rassemble des souvenirs de ses onze premières années. La narration s’arrête au moment où la petite fille entre en sixième. L’une des originalités de ce récit réside dans le dédoublement de la narratrice. Deux «voix » dialoguent, qui représentent l’une et l’autre l'auteur, mais qui incarnent des postures différentes à l’égard du travail de mémoire. L’une de ces voix assume la conduite du récit, l’autre représente la conscience critique. Selon les moments, cette seconde voix freine l’élan de la première, la met en garde contre les risques de forcer l'interprétation ou inversement la pousse à l'approfondir. Grâce à ce système des deux voix, nous avons deux livres en un : d'une part un récit d'enfance, de l'autre un témoignage sur la méthode d’investigation du passé élaborée par l’auteur pour déjouer les pièges traditionnels de l'entreprise autobiographique.
On assiste dans le livre à un dédoublement du personnage : entre deux parents, entre deux cultures (russe et française) et entre deux langues. Le livre relate les souvenirs d’enfances de l’auteur. Il n’y a pas de récit rétrospectif organisé selon une logique temporelle mais le livre nous expose les souvenirs d’enfance de l’auteur selon la perception de l'enfant, les souvenirs apparaissent dans l’ordre dicté par les sensations de l’enfant. Il y a par ailleurs dans le livre deux notions du temps : le temps du souvenir et le temps de l’écriture (le temps de l’histoire) :
- Le temps du souvenir : Il est lié à la perception de la conscience enfantine, l’enfant dilate les événements qu’il juge importants et rétracte les autres. Il y a ainsi des ellipses temporelles quand l’enfant ne se souvient pas ou banalise certains faits.
- Le temps de l'écriture : Il est rattaché à la double voix et à son rôle. Il y a une dilatation, un grossissement du temps là où il y a nécessité de réfléchir ou d’approfondir.
Enfin, Nathalie Sarraute veut éviter les