Enfants Jouant La Guerre
La photographie, datée de 1916, sans nom d’auteur (peut-être Léon Grimpel [1873-1948]), appartient à la collection Albert Harlingue / Roger-Violet.
Objectif : lecture d’une image fixe (photographie en N et B) de 1916.
Problématique : voir comment cette photographie sert le pouvoir par la vision qu’elle donne de la vie derrière les lignes, durant la Grande Guerre. Lecture : description et interprétation
La scène : jeu et enjeu
Il s’agit d’un jeu dans lequel une bande d’enfants, des galopins en culottes courtes d’une dizaine d’années, joue à la guerre et simule une bataille. Cette prétendue scène de guerre se joue entre 2 camps, qui se font face.
Les forces sont inégalement réparties : la bataille est à 4 contre 3 : 4 défendent et 3 attaquent. Le groupe des 4, de ¾ face, est mieux armé : 3 fusils et un pistolet – contre seulement 1 fusil et 2 épées pour le groupe des 3, de ¾ dos.
Plus loin, sur le trottoir, une petite fille se contente de regarder : elle n’est pas associée au jeu. La «guerre», l’affrontement physique, le corps à corps, en 1916, ce n’est pas l’affaire des filles ni des femmes… – elles remplacent dans les champs et les ateliers les hommes mobilisés, mais elles ne vont pas au feu.
« Mon père, ce héros… »
Une photographie est par nature statique.
Cette photo suggère pourtant le dynamisme et le mouvement.
Le groupe d’enfants dessine globalement un cercle – ou plus exactement 2 demi-cercles qui se font face. Les garçons sont absorbés par « l’action » qui semble, pour eux, beaucoup plus qu’un jeu. Ils se jettent dans la bataille, le corps en avant. Tous se trouvent sur un large trottoir qui figure vraisemblablement une colline à l’assaut de laquelle se rue vaillamment le groupe des enfants vus de ¾ dos, pourtant inférieurs en nombre et en « armement », et que défendent pied à pied les enfants vus de ¾ face.
La photo est datée de 1916 : c’est évidemment l’actualité qui leur