Epicure
129 En effet, nous reconnaissons le plaisir comme un bien primitif et naturel, et celui-ci nous suffit largement pour tout choix et tout rejet. C’est à lui que nous aboutissons, puisque nous usons de l’affection comme règle pour juger de tout bien. Et puisqu’il est un bien primitif et naturel, pour cette raison nous ne choisissons pas tout plaisir, mais il nous arrive, au contraire, de laisser de côté de nombreux plaisirs, lorsqu’il s’ensuit davantage de désagréments. Nous pensons que beaucoup de douleurs sont préférables aux plaisirs, lorsque, après avoir longtemps supporté les douleurs, un plaisir plus grand découle pour nous. Ainsi, tout plaisir est un bien vu que sa nature nous est appropriée, et pourtant, tout plaisir n’est pas à prendre ; de même tout état douloureux est un mal, qui, étant naturel, ne doit pas être évité.
130 Par conséquent, c’est à travers la confrontation et l’analyse des avantages et des inconvénients qu’il convient de se décider à ce propos. Ainsi, nous traitons parfois le bien comme un mal, et inversement le mal comme un bien. Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien ; non pas pour se contenter de peu en toute occasion, mais pour que le minimum nous satisfasse au cas où l’abondance ferait défaut : car nous sommes sincèrement persuadés que ceux qui jouissent plus agréablement de l’opulence sont ceux qui en ont le moins besoin, et que tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, tandis que ce qui est vain est difficile: en effet, les mets simples vous régalent aussi bien qu’un régime somptueux, sitôt toute douleur du manque évincée. Source : - http://pedagogie.ac-toulouse.fr/philosophie/textes/epicuremenecee.htm, traduction auteur inconnu - http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=152, traduction Jean Salem - http://www.lexpress.fr/culture/livre/lettre-a-menecee-d-epicure_936184.html traduction Gallimard/Bibliothèque de la Pléiade.