Estetique et handicap
Les personnes en situation de handicap souffraient très fréquemment d’un déficit d’image. Tant pour des raisons culturelles qu’institutionnelles, leur condition de personnes stigmatisées ou de mineurs à vie a contribué à négliger leur image personnelle. Celle-ci était alors le reflet de leur exclusion sociale, comme dans les hôpitaux psychiatriques où des patients demeuraient parfois en pyjama tout au long des journées… Depuis quelques années, émerge une prise de conscience de l’importance du look dans les interactions sociales, et par conséquent du rôle de l’image de soi dans la possibilité ou non de « participer socialement » ce qui reste le but ultime de toute action sociale ou médico-sociale
Le terme de look, qui a pénétré notre langage familier, sert à désigner précisément l’image globale que chacun donne à voir à un quelconque observateur. Au-delà des modèles ou des idéaux types diffusés par les médias et les courants de mode, chacun possède un look qui lui est propre, qu’il s’est constitué à travers les multiples interactions et situations de sa vie quotidienne. L’image de soi est donc le résultant complexe d’une trajectoire, une « interface historique entre soi et les autres », entre les tendances personnelles et les influences culturelles.
D’un point de vue psychologique, le look représente un espace de négociation entre la toute-puissance de nos désirs et le principe de réalité que nous opposent les autres. À ce titre, nous pouvons dire qu’il représente un compromis historique, espace d’enjeux permanents au plan narcissique et affectif. D’un point de vue sociologique, en tant qu’il est le fruit de nos interactions, le look prend une importance congruente avec l’intensité de la vie sociale : l’image de soi résulte directement du commerce entre les hommes, et ce sont donc naturellement les villes, les sociétés de cour et tous les rassemblements mondains qui ont participé à sophistiquer les looks, parfois jusqu’à l’extravagance,