Etre comedien dans l'illusion comique
« Le premier acte n’est qu’un prologue, les trois suivants sont une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une comédie » : telle est la manière dont Corneille définit son Illusion Comique, qu’il qualifiera aussi d’ « étrange monstre ». Puisque le monstre est d’ordinaire celui qui, hors norme, est montré du doigt par autrui, pourquoi qualifier ainsi cette pièce en 5 actes racontant l’histoire d’un père (Pridamant) à la recherche de son fils Clindor qu'il n'a plus vu depuis 10 ans ? Amené par son ami Dorante dans la Grotte du magicien Alcandre qui a le pouvoir de faire apparaitre sous ses yeux le spectre de Clindor, Pridamant va enfin savoir ce qui est arrivé à son fils depuis le jour où il a disparu. Cette pièce s’appuie fondamentalement sur le motif du théâtre dans le théâtre et va donc ainsi multiplier les niveaux de la représentation. Le théâtre étant déjà lui-même un univers double qui allie la réalité du corps du comédien à l’imaginaire du rôle et à la fiction de l’intrigue, on peut s’interroger sur la façon dont cette œuvre va mettre en scène la spécificité d’un certain « je théâtrale» qu’on peut caractériser comme double : celui du comédien et celui du rôle. Puisque le mensonge concerne le personnage qui n’existe pas véritablement puisqu’il s’incarne dans la seule présence physique et dans le jeu de l’acteur et que la vérité concerne la réalité du comédien, réel et présent sur la scène, on peut se demander qu’est-ce qu’être véritablement comédien dans l’Illusion Comique ? Dans quelle mesure le jeu du comédien permet-il à Corneille de faire de sa pièce un véritable « miroir de l’illusion » ? Après avoir d’abord vu que par la pluralité des jeux des comédiens, l’IC se veut lieu d’un théâtre hétérogène, puis qu’à travers la double posture d’un comédien-spectateur, la pièce peut s’appuyer sur le motif du théâtre dans le théâtre puis, nous verrons que ces mises en scènes variées du comédien et fondées sur