Explication de texte hannah arendt "la condition de l'homme moderne"
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Le travail n’est pas la volonté mais l’effort volontaire en vue d’une production. La volonté peut agir en vue de fins morales et politiques sans qu’il s’agisse d’un travail. La volonté peut aussi imposer des commandements, donner des ordres, sans travailler à proprement parler, si ces ordres ne lui demandent aucun effort. L’effort volontaire doit être tourné vers la production d’une œuvre utile ou la réalisation d’une tâche pour qu’il s’agisse d’un travail. L’effort volontaire effectué pour se divertir, se défouler, jouer, et qui n’est tourné vers aucune production, ne sera pas appelé un travail. Ainsi, je ne travaille pas quand je fais un footing avec mes amis même si je fais des efforts qui me fatiguent, ni quand je fais l’effort de dépenser de l’énergie en sautant une barrière pour échapper à un poursuivant, alors que je joue au loup à la récré et que j’ai dix ans.
Cet effort de production peut s’exercer dans le cadre très exceptionnel de la formation d’une œuvre d’art, mais il est ordinairement le faire qui vise à entretenir la vie avec ses besoins cycliques, ou la production d’objets utiles comme ceux de l’artisan ou ceux de la technique.
Les besoins et les désirs d’un mortel sont liés au corps car c’est en tant que corps que nous sommes mortels, si tant est que livrés à nous-mêmes nous soyons autre chose que notre corps. Le travail est donc source d’une fatigue car le corps dépense de l’énergie pour produire quelque chose ou effectuer une tâche et cette fatigue poussée à sa limite est l’épuisement, qui nous ramène à notre mortalité.
L’homme est donc tenté par la paresse et par l’acte de fuir le travail en vue d’échapper à la fatigue et d’oublier sa mortalité. Il peut aussi chercher à éviter la fatigue en faisant