Explication de texte : Kant
La question du goût est l’une des problématiques fondamentales en philosophie de l’art. Devant une œuvre d’art les jugements sont variés. Ils sont aussi opposés. Ce sont des désaccords qui s’expriment. Les uns aiment les autres non. Certains pensent qu’il faut connaître les œuvres pour pouvoir les apprécier, d’autres pensent que la spontanéité est la seule garantie d’un goût valable. Tous ces jugements se valent-ils ? Certains sont-ils plus pertinents ? Les jugements de goût peuvent-ils avoir le sens de jugement de vérité ? Y a-t-il un bon goût ?
On doit à Kant d’avoir développer une théorie du bon goût qui constitue une référence majeure en matière d’esthétique. Elle est exposée (en partie) par l’intermédiaire de l’explication d’un extrait de La critique du jugement et d’une discussion critique. On verra que si la philosophie kantienne du goût sert de norme philosophique, c’est qu’elle est conforme aux goûts des professeurs de philosophie. A l’inverse pour tous ceux qui entendent revenir à l’ordinaire ou à la dynamique sociale des jugements, elle mérite d’être remise en cause en profondeur.
Le texte de Kant
Quand la question est de savoir si une chose est belle, ce que l’on veut savoir, ce n’est pas si l’existence de cette chose a ou pourrait avoir quelque importance pour nous-même ou pour quiconque, mais comment nous en jugeons en la considérant simplement.
Si quelqu’un me demande si je trouve beau le palais que j’ai devant les yeux, je peux toujours répondre que je n’aime pas ce genre de choses qui ne sont faites que pour les badauds ; ou bien comme ce sachem iroquois, qui n’appréciait rien à Paris autant que les rôtisseries ; je peux aussi, dans le plus pur style de Rousseau, récriminer contre la vanité des Grands, qui font servir la sueur du peuple à des choses si superflues ; je puis enfin me persuader bien aisément que si je me trouvais dans une île déserte, sans espoir de revenir jamais parmi les hommes, et si