Explication De Texte N 1 Giono
terre
sue sa fumée naturelle.
La rosée brillait sur la capote des morts. Le vent de l'aube, léger et vert, s'en allait droit devant lui. Des bêtes d'eau pataugeaient au fond des trous d'obus. Des rats, aux yeux rouges marchaient doucement le long de la tranchée. On avait enlevé de là-dessus toute
la vie, sauf celle des rats et des vers. Il n'y avait plus d'arbres et plus d'herbe, plus de grands sillons, et les coteaux n'étaient que des os de craie, tout décharnés. Ça fumait doucement quand même du brouillard dans le matin.
On entendait passer le silence avec son petit crépitement électrique.
Les morts avaient la figure dans la boue, ou bien ils émergeaient des trous, paisibles, les
mains posées sur le rebord, la tête couchée sur le bras. Les rats venaient les renifler. Ils sautaient d'un mort à l'autre. Ils choisissaient d'abord les jeunes sans barbe sur les joues.
Ils reniflaient la joue puis ils se mettaient en boule et ils commençaient à manger cette chair d'entre le nez et la bouche, puis le bord des lèvres, puis la pomme verte de la joue.
De temps en temps ils se passaient la patte dans les moustaches pour se faire propres.
Pour les yeux, ils les sortaient à petits coups de griffes, et ils léchaient le trou des paupières, puis ils mordaient dans l'oeil, comme dans un petit oeuf, et ils le mâchaient doucement, la bouche de côté en humant le jus. »
Je propose deux mouvements :
Premier mouvement : De « il y avait toujours… » à « On entendait passer le silence avec son petit crépitement électrique ».
On a la description d’une atmosphère morbide.
Deuxième mouvement : De « les morts avaient la figure… » à « la bouche de côté en humant le jus ».
On s’intéresse plus particulièrement aux morts et à l’action des rats sur les morts.
Projet de lecture : Dans quelle mesure Giono se sert d’un lieu meurtri par la guerre des hommes pour donner vie à la nature.
Dans quelle mesure Giono utilise une scène de