Expo mayotte
Il vit en France depuis dix ans, sur l’île de Mayotte, petit caillou niché dans le canal du Mozambique. Originaire des Comores, Saïd* n’a pas de papiers. Et pourtant, c’est sur « l’île au lagon » qu’il a construit sa famille. Témoignage d’un Grand Comorien, las de vivre dans la clandestinité.
Originaire de Grande Comores, Saïd est arrivé à Mayotte lorsqu’il avait vingt ans. Pour Saïd, l’eldorado s’appelle Mayotte (la seule île de l’archipel des Comores restée française en 1974). Le jeune homme se rend d’abord à Anjouan par avion. Il se souvient : « A l’époque, c’était facile de trouver des barques pour rejoindre Mayotte. Mais maintenant, c’est vraiment difficile. » Il y a dix ans, la traversée coûtait 70€ contre environ 300 à 400€ aujourd’hui.
A Mayotte, sur une population de 200 000 âmes, le quart n’a pas de papiers. Les clandestins sont en grande partie des Anjouanais qui débarquent sur les plages en kwassas (des embarcations de fortune), après une traversée de 70 kilomètres dans des conditions pitoyables. Bien souvent, des enfants, des femmes enceintes, des malades s’entassent… « Pour nous, ça ne s’est pas vraiment bien passé. On a eu plusieurs pannes de moteur. Du coup, on a mis douze heures au lieu de six », se souvient Saïd.
Pour lui, comme pour tant d’autres, les quatre îles ne forment qu’une seule et même famille. « Ce qui pose problème, c’est la politique », juge-t-il. Depuis 1995, et le « visa Balladur », les Comoriens ne peuvent plus venir à leur guise à Mayotte, ce qui a intensifié le ballet des kwassas. L’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays », est un parcours du combattant pour les Comoriens. Chaque année, des dizaines de personnes périssent ou disparaissent dans le lagon mahorais.
A son arrivée en 1997, Saïd a réussi à travailler dans la maçonnerie, la peinture… Mais depuis 2005, les conditions se sont