Fantine
Jean Valjean, Fantine, Cosette sont autant de personnages inoubliables, qui se prêtent à tous les traitements, cinéma, comédie musicale... tellement connus qu'on a parfois l'impression qu'on les a rencontrés...
Ce ne sont plus seulement des personnages des Misérables, mais des hommes et des femmes à part entière, doués d'une vie propre, avec parfois les visages différents des acteurs qui les ont incarnés au cinéma dans les innombrables adaptations du roman, ou dans la comédie musicale qui s'inspire d'eux...
Au départ, il y avait l'émotion de Hugo, son désir de faire partager sa pitié et sa révolte devant la situation des pauvres, des laissés-pour-compte et des marginaux pour provoquer la prise de conscience de ses contemporains ; le résultat ? une oeuvre poignante, avec des situations fortes, des personnages à la fois humains et symboliques, solidement construits pour qu'ils s'imposent à notre imagination.
Hugo consacre une partie de son roman à Fantine, la mère de Cosette, figure de l'amour maternel, d'une totale abnégation et pourtant impitoyablement broyée par la société. Hugo suscite d'abord notre pitié par la description de la déchéance matérielle, physique et morale de cette pauvre femme, mais il se fait aussi l'accusateur d'une société qui, par son indifférence, son agressivité, sa cupidité provoque la descente aux enfers de cette infortunée ».
[1. Déchéance pathétique dans un monde de misère]
[1.1. Misère matérielle]
Hugo décrit d'abord avec une grande précision le lieu sordide et étriqué dans lequel va se jouer le drame de la déchéance de Fantine.
En trois mots, le décor est planté, hideux : « cellule », « mansarde [...] sous le toit », « galetas »...
Les accessoires — le mobilier — sont à l'unisson et révèlent la misère de l'occupante : un simple « matelas » en guise de « lit », « une loque » (terme péjoratif) comme « couverture », une « chaise dépaillée » (le préfixe « dé- » traduit l'usure de l'objet).
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