Faut-il se passer de l'état pour sortir du sous-développement ?
Le débat économique contemporain oppose l'école néoclassique, qui considère l'intervention publique comme une nuisance au fonctionnement optimal du marché, et l'école néokeynésienne, qui considère à l'inverse l'intervention publique comme le moyen de pallier les limites des mécanismes marchands dans la régulation de l'économie.
Mais cette controverse théorique concerne surtout la situation des pays industrialisés qui allient une institution dépositaire du pouvoir politique puissante et des structures marchandes efficaces. En effet, les analyses néoclassiques et keynésiennes des relations État-marché ont été édifiées à partir de l'observation des structures économiques et sociales des pays développés. Qu'en est-il des pays en développement (PED) qui, eux, n'ont aucune de ces deux institutions ? Doivent-ils privilégier le recours à un État interventionniste et régulateur des stratégies de développement entendues comme des modèles pour démarrer un processus durable d'accroissement du niveau de vie ou bien s'en remettre aux mécanismes du marché autorégulé ?
Si les stratégies de développement se basant sur un interventionnisme public fort ont échoué, celles privilégiant la solution marchande ont aussi connu des limites importantes. La solution serait alors de favoriser la complémentarité entre régulation publique et régulation marchande du processus de développement.
I) L’échec du développement encadré par l’Etat.
Les premières stratégies de développement formalisées par l'économie du développement et mises en oeuvre pendant les années 1950-1970, reposant sur le refus de la régulation marchande au profit de l'intervention de l'État, ont abouti pour beaucoup à des impasses.
S1) Les motivations des stratégies étatiques de développement
Du fait du climat idéologique et diplomatique de l'époque, les pays nouvellement indépendants suite au processus de décolonisation ont privilégié le recours