Madrid. – A une époque où les ordinateurs et les autoroutes de l'information ont gagné la bataille de la plume, une exposition comme celle qui s'est inaugurée hier à la Bibliothèque Nationale, Mémoire de l'Escriture : Du poème de Mon Cid à Rafael Alberti (elle restera ouverte jusqu'au 10 Mars) revendique précisément la valeur de l'écriture face à une crise si caricaturée. Il s'agit d'un parcours au travers de neuf siècles d'oeuvres fondamentales et de manuscrits autographes de quelques unes des plus importants auteurs de la littérature espagnole.

L'étudiant peut se perdre durant des heures dans les salles qui composent l'exhibition (six sections chronologiquement ubiquées, depuis le Moyen-Age jusqu'au Xxème siècle), mais s'éveillera aussi la curiosité du profane, du public en général, devant les originaux, de leurs propres mains, de la part d'écrivains comme Quevedo, Moratin o Lope; ce dernier avec ses multiples ratures contraste avec la pureté de sa contemporaneité.

L'ordre de Unamuno est démontré à la page sélectionnée de « L'autre. Mystère en trois journées et un épilogue »; dans un calpin quadrillé. La lettre de celui-ci, totalement lisible, contraste avec la graphologie compliquée de Benavente et les ratures insistantes et en encre bleu de Jardiel Poncela avec la clarté de poètes comme Damaso Alonso, Antonio Machado, Vicente Aleixandre ou Alberti.

« L'acte de création manuscrite est unique. Ses valeurs graphologiques son indoutables, parce que le manuscrit transmet la personnalité de l'auteur », a signalé hier le commissaire de l'exhibition, José Marie Diez Borque, selon lequel il faut également prendre en compte le caractère de « rareté » de cette promenade de manuscrit en manuscrit, « quand l'horizon futur de ces derniers est suffisamment diffusé ». Puis, indépendamment du fait que l'écriture à la main disparaisse ou non, « ce qui se questionne est la permanence du manuscrit », a ajouté le responsable de la zone à la Bibliothèque