Fraternité et/ou citoyenneté ? "caïn n'est pas le frère d'abel"
"CAÏN N'EST PAS LE FRÈRE D'ABEL" par Michel Richard
On ne sait pas trop bien à quoi correspond le mot fraternité. Concept ou métaphore ? Notion morale ou principe politique ? Illusion ou réalité ?
A première vue, le flou l'emporte sur le clair, le slogan sur l'idée. N'exprimerait-il que la nostalgie d'un autre âge ? Ou encore l'espérance d'un monde meilleur ? Être fraternel semble toutefois une expression qui retentit dans la pensée comme un commandement - une obligation - en dépit de l'avertissement que nous adresse Machiavel lorsqu'il écrit : " Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre, qu'en n'étudiant que cette dernière on apprend plutôt à se ruiner qu'à se conserver ; et celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants ". L'histoire, il est vrai, regorge de luttes fratricides, de dynasties déchirées, de princes en guerre et d'États en conflits ; les mythologies de frères rivaux ou cruels ; l'actualité de crimes à foison. Pourtant, l'idée de fraternité résiste à tout ce qui, de partout, la contredit. Elle est même substantiellement, et contre toute logique, liée à l'idée républicaine, et celle-ci à notre devise, malgré les persistantes difficultés survenues lors de son élaboration, de son institution et de sa consécration, difficultés dues précisément au statut particulier, apparemment incontestable, de l'idée de fraternité.
Une devise controversée
Liberté, Egalité et Fraternité sont historiquement indissociables, et pourtant le voisinage de ces trois mots sur la devise française a été l'objet de réticences, de polémiques et de retards depuis la Révolution française, au cours du XIXème siècle et même au-delà, au motif que le terme de fraternité, par sa résonance et sa provenance chrétiennes, semblait mal assorti aux deux autres. Sans doute apparaîtil dès le XVIIIème siècle sous la plume d'écrivains, et non des moindres, tels