« A travers le récit des aventures des pèlerins, montrez comment la fantaisie de Rabelais réunit l'univers du conte et les intentions critiques de l'auteur. »

Dans le chapitre 38 de Gargantua « Comment Gargantua mangea en salade six pèlerins. », Rabelais montre comment Gargantua, voulant se régaler d'une salade rafraîchissante, ingurgite par erreur six pèlerins. Mais le récit, bien qu'il soit construit sur une note fantaisiste et humoriste cache une critique : Rabelais fait en effet dans ce chapitre la satyre du pèlerin peureux, bête et incapable de prendre une décision. En quoi l'écriture fantaisiste de Rabelais réunit-elle l'univers du conte et la critique ? Nous verrons dans une première partie en quoi ce récit présente tous les caractères du conte et quels sont les différents procédés utilisés par Rabelais pour rendre son récit comique et fantastique.
Nous verrons ensuite dans une seconde partie comment Rabelais use de ces procédés pour faire transparaître sa critique des pèlerins et de leur foi.

Premièrement le comique et la fantaisie de ce chapitre pourrait être illustrée par la disproportion entre les objets de la vie courante et leurs tailles dans le monde de Gargantua : la disproportion entre Gargantua, le géant, et les pèlerins perdus dans sa bouche, puis la façon dont Gargantua les déloge à l'aide d'un simple cure-dent. La bouche de Gargantua décrite par Rabelais de cette façon, devient un pays à part entière : « ils se dégagèrent à la lisière des dents », créant un effet fantastique et décalé. D'autre part, la récurrence de la gloutonnerie du géant présente un effet comique : en effet dans cette scène, Gargantua mange pour apaiser sa faim avant le repas, il engloutit tout ce qui lui tombe sous la main. La présence d'une hyperbole avec l'adjectif « horrible » dans un « horrible trait de vin de pineau » montre que la gourmandise de Gargantua présente une image plutôt terrifiante et fantastique.