Georges ripert droit et morale
Nos sociétés occidentales reposent depuis Rome sur la distinction du droit et de la morale dont les rapports suscitent pourtant un éternel débat. De la même façon qu'il existe une séparation du spirituel et du temporel, du religieux et du politique, cette distinction du droit et de la morale est un facteur essentiel de civilisation cette distinction n'est pourtant pas aussi tranchée qu'on peut le dire et il arrive que le droit et la morale se recoupent.
Cette question intéressa notamment Georges Ripert, ancien doyen de la faculté de Paris à la biographie ambiguë, alliant accueil des réfugiés juifs à la faculté de Paris et participation au gouvernement de Laval. Dans son ouvrage La règle morale dans les obligations civiles, il analyse la place que la règle morale doit tenir dans la loi et plus généralement la société. Cet ouvrage, développant une réelle doctrine en faveur de la valorisation de la règle morale, paru en 1925, est écrit dans un contexte propice à une telle réflexion : celui de l'après première guerre mondiale qui a profondément choqué les sociétés occidentales de par sa violence et son inhumanité.
Dans l’extrait que nous nous proposons d’étudier, Ripert affirme que bien que morale et droit puissent être confondus sur plusieurs aspects, ceux-ci ne sauraient être identiques et qu’une telle distinction est fondamentale tout en posant les limites de cette distinction.
Nous nous intéresserons donc dans un premier temps à la distinction de la règle morale et de la règle juridique, quelles sont leurs similitudes, leurs différences et les conséquences de cette distinction pour ensuite analyser la nécessaire corrélation de ces deux notions, mais aussi l’exception à cette distinction.
I-Règle morale et règle juridique : une épineuse distinction
1) Similitudes et différences
Ripert commence cet extrait de façon inattendu puisqu’en effet il rapproche les notions de règles morales et de règles de droit à trois point