émoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, tome VII, « La mort de Manon ».

L’Abbé Prévost, né en 1697 fut novice chez les jésuites, soldat puis bénédictin et devint entre autre aumônier du prince de Conti en 1736. Parti en exil en Hollande, puis en, Angleterre, il fut sans cesse tourmenté par l’attrait de la vie religieuse et de la vie aventureuse. Pendant sa fuite en Hollande, Prévost publie en 1731 Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde dont le septième tome, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, fut jugé scandaleux à deux reprises, saisi et condamné à être brûlé. Mais, victime de son succès, il est publié séparément en 1753 sous le nom d’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut et fera la renommée de son auteur. L’histoire de Manon se présente comme un récit encadré avec un narrateur personnage, des Grieux, qui raconte sa vie à Renoncour qui en fait lui-même part au lecteur. L’extrait proposé fait part de la mort du personnage éponyme, et se déroule après le duel avec Synnelet, Des Grieux est blessé au bras, Manon et lui sont en fuite dans le désert. Nous pouvons nous demander comment l’auteur rend-il cette scène pathétique ? Nous étudierons tout d’abord le caractère tragique mais d’une grande sobriété de l’extrait, puis la scène bouleversante pour Des Grieux.

I) Le réalisme de la scène

II) Une scène tragique mais d’une étrange sobriété
A) La fatalité
-Le décor est sans artifice, le lieu unique, l’unité d’action centrée sur la mort de Manon, ainsi que le cadre temporel limité « nuit » (L6) rappellent implicitement les règles du tragique.
-La mort de Manon est assimilée à la destinée voulue par Dieu, l’apostrophe « O Dieu » (L27), l’allégorie « Ciel » (L26-60-97) est réitérée à maintes reprises. Une force supérieure pèse sur l’existence des héros et conduit leurs fatales destinées.
-La fatalité divine est dénoncée par Des Grieux avec les deux adverbes « assez