Génie redite et inspiration
Département de langue et littérature françaises Master : Lettres et expressions artistiques
Génie, inspiration et redite
Réalisé par:
EL YOUSFY MY AHMED
1
Les Muses, les gnomes, le génie, autant de forces surnaturelles des quelles les poètes antiques prétendaient détenir l’art de ficeler la langue. En effet, jadis les poètes sont considérés comme des êtres originaux, hantés par des esprits ou privilégiés par les dieux qui leur dictaient les beaux vers. Leurs productions ne seraient donc que des délires proférés en état de transe, encore faut-il avoir un peu de chance pour rencontrer sa muse ou être l’élu des dieux. L’acharnement, le labeur et le travail de raffinement n’étaient pas de mise. Ce n’est qu’avec le temps que les créateurs commencent à reconnaître le rôle que joue la combativité dans les écrits. Pourtant, l’acharnement ne peut pour lui seul garantir l’enfantement d’une œuvre d’art. Nietzsche dit à ce propos : « Tous les grands hommes sont de
grands travailleurs, infatigables non seulement à inventer, mais encore à rejeter, passer au crible, modifier, arranger. [De là] les magnifiques mélodies de Beethoven […] triées d’ébauches multiples 1 . » L’acharnement doit donc être redoublé d’une certaine adresse, d’une certaine intelligence qui permettraient à l’artiste ou l’écrivain de bien cibler ses objectifs tout en tranchant pour les actions et réactions ad hoc et dans des conditions particulières. Chose qui n’est pas, certes, donnée à tout le monde. De ce fait, si le génie au sens traditionnel -c’est-à-dire en tant que force divine ou
1
Nietzsche, Humain, trop humain, I, § 155, Robert Laffont, Paris, 1993, p.530
2
surnaturelle qui anime le poète bon gré mal gré- est remis en cause il ne demeure pas moins que pour créer un chefd’œuvre, un don, que ce soit inné ou affûté qu’on l’appelle génie ou tout simplement talent, est