Histoire
La situation matérielle de l’homme de lettres n’est pas plus brillante qu’au siècle précédent : les éditeurs continuent à payer fort peu les écrivains. II faut attendre 1777 pour voir la propriété littéraire reconnue, sous l’impulsion de BEAUMARCHAIS, et les contrefaçons se multiplient, au détriment de l’auteur et de l’éditeur. Les tirages demeurent restreints : le nombre des souscripteurs de l’Encyclopédie (4300) paraît infime à côté du nombre d’acheteurs de l’Encyclopaedia Universalis en vingt volumes (près de 700 000). L’Histoire naturelle de Buffon et Le Siècle de Louis XIV, deux grands succès de librairie, ne sont tirés qu’à 3 000 exemplaires.
EncyclopedieDiderot
Dans ces conditions beaucoup d’écrivains sont des amateurs bénéficiant d’une imposante fortune, comme le fermier général HELVÉTIUS, le baron D’HOLBACH — rentier à vingt-sept ans et qui se fait le mécène des philosophes — ou MIRABEAU. Les très nombreuses éditions successives de De l’Esprit des lois n’enrichissent pas MONTESQUIEU, mais lui permettent de vendre en Angleterre… le vin de Bordeaux produit par sa propriété de La Brède. Et si VOLTAIRE développe considérablement sa fortune, c’est en réussissant des spéculations commerciales, des investissements industriels et des placements financiers (voir ici) : pour intéresser ses éditeurs, qui courent des risques graves, il est souvent amené à leur offrir gracieusement ses ouvrages.
S’il est pauvre, l’écrivain ne peut vivre de sa plume. JEAN-JACQUES ROUSSEAU gagne un peu d’argent avec son Devin de village et son Dictionnaire de musique, avec La Nouvelle Héloïse ou l’Émile. Mais comme il refuse places et pensions, il doit souvent assurer sa subsistance en copiant de la musique. L’Encyclopédie garantit à DIDEROT un minimum vital par le biais d’un salaire mensuel. Il n’atteindra une certaine aisance que grâce à Catherine II de Russie qui achète en 1765 la bibliothèque du philosophe, tout en lui en laissant