La foire aux filles à marier …
( De notre envoyé spécial.)

Pour la troisième fois en une heure, nous
Redescendons le Kurfüstendamm.
- C’est vraiment difficile de trouver un mari, me dit-elle. Les hommes presque tous sont loin et ceux qui vivent ici ne pensent qu’aux Américaines, aux Anglaises et aux
Hongroises. Ils n’osent pas espérer épouser une Française et encore moins une Russe, parce que ces femmes n’aiment pas beau- coup les Allemands, aujourd’hui. Heureu- sement pour nous, du reste, parce que si elles jouaient encore un rôle, nous n’aurions presque plus de chance.
Elle est jolie, élegante et les passants se
Retournent, attirés par le blond magnifique de ses cheveux, un peu décoiffés par le vent du soir qui souffle enfiu, soulevant la poussière de ce Berlin écrasé par la lourde chaleur de juin.
- Jolie comme vous l’êtes, vous devriez avoir beaucoup de succès, lui dis-je.
- Les Américains et quelques Anglais me trouvent ravissante, mais tous croient pouvoir m’avoir avec quelques cigarettes
Et ils se trompent bien ! C’est peut-être ri- dicule de ma part, mais je préférerais un
Allemand. J’ai tout ma famille ici, ma mère et mes jeunes frères, et je voudrais pas les quitter. Si j’épousais un Anglais, comme ma cousine Gisela, je devrais quit- ter le pays avec mon mari et, à l’étranger, je ne sourais plus ce que les miens devien- draient dans cette ville où la vie d’un chien compte plus que celle d’un être humain.
- Ma chère Carla, vous êtes vraiment une exception. Totes vos amies, en effet, n’ont qu’un désir : épouser un étranger, de façon à quitter le plus vitre possible ce pays où, comme disent presque tous vos com- patriotes, les Allemand n’ont plus d’avenir.
- Je le sais bien mais que voulez-vous, mon père est mort pour l’Allemagne en
1939, en Pologne. Un de mes frère est entré dans le parti en 1940, à 21ans. Ma mère s’est débrouillée comme elle a pu pour nous élever, nous les trois