Hobbes
Ce qui risque peut-être d’empêcher de croire à une telle égalité, c’est seulement la vaine conception que chacun se fait de sa propre sagesse, presque tous pensant en être dotés au plus haut point que le vulgaire, entendez par là : que tous les autres hommes, à l’exception d’eux-mêmes et d’un petit nombre d’autres auxquels ils accordent leur approbation à cause de leur renommée ou parce qu’il y a convergence entre les vues de ces hommes et les leurs. Car telle est la nature des hommes, que, quelque supériorité qu’ils puissent reconnaître à beaucoup d’autres dans le domaine de l’esprit, de l’éloquence ou des connaissances, néanmoins, ils auront du mal à croire qu’il existe beaucoup de gens aussi sages qu’eux-mêmes. Car ils voient leur propre esprit de tout près et celui des autres de loin.
*Réponse à cette objection qui montre qu’elle n’est pas valide : car il y a un meilleur critère que l’égalité objective – (qui est dans la nature des choses, en l’occurrence ici dans l’intelligence de l’individu), et qui n’existe pas ; puisque tous les individus n’ont pas la même science, ni même la même sagesse/prudence, c’est l’égalité subjective – c’est-à-dire que tout le monde s’estime satisfait de sa part (c’est ici l’intelligence qui est subjective ; celle que l’on croit posséder), puisque même il estime en avoir plus que les autres. Ainsi, alors que manifester pour dénoncer une inégalité (de droit, de salaire…) est chose banale, on ne verra jamais une manifestation de citoyens s’estimant lésés du point de vue de leur intelligence ou de leur sagesse, et en réclamant une plus grande part que celle qu’ils ont déjà.
Donc le raisonnement de Hobbes est le suivant : quand bien même il y aurait une inégalité objective spirituelle entre les