Incertitudes et médiations au cœur du marché du travail
Marie-Christine Bureau Emmanuelle Marchal
Des places de grève à l’Internet en passant par les bureaux de placement, les petites annonces ou les agences de travail temporaire, une grande variété de dispositifs a été mise en place au cours du temps pour organiser les médiations sur le marché du travail. La mise en relation des offreurs et demandeurs a constitué, surtout à partir du XIXe siècle, un enjeu permanent entre le patronat, la puissance publique gouvernementale ou municipale et les organisations de salariés (Rose, 1984). Tout récemment, encore, l’accord interprofessionnel du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail revient sur cette question, prévoyant de généraliser un accompagnement personnalisé, « sur mesure », des demandeurs d’emploi, et faisant appel à des opérateurs aussi bien privés que publics. Cet accord s’inscrit dans un vaste mouvement de réformes [1] [1] Citons pêle-mêle : la création du PARE-PAP en 2001... suite conduisant à remodeler profondément les conditions dans lesquelles se déroulent les interventions des intermédiaires sur le marché du travail. Afin d’augmenter leur efficacité en délivrant les services les mieux adaptés aux besoins des candidats à l’emploi, ces derniers font l’objet d’un tri initial (Benarrosh, 2000) fondé sur un diagnostic préalable. L’évaluation porte sur leur « distance à l’emploi » et permet de spécialiser les intermédiaires selon qu’ils travaillent sur des populations très ou moyennement éloignées de l’emploi, voire directement « employables ». Les prestations des opérateurs sont focalisées sur la réparation de « défauts ponctuels de compétences » des demandeurs d’emploi en vue de les adapter rapidement à des emplois prédéfinis (Grivel, George et Méda, 2007).
2 Ainsi se dessine un modèle de médiation sur le marché du travail qui mérite d’être interrogé et mis en perspective, à la lumière des théories économiques et sociologiques, mais