Informations sur le bon marché
Au milieu du 19ème siècle, ce quartier de Paris est un coin de province, une de ces provinces parisiennes comme il en existait tant avant Haussmann, avant l’intense développement des transports urbains. A l’angle de la rue du Bac et de la rue de Sèvres qui mène à la campagne, on trouve un petit magasin de nouveautés c’est-à-dire de mercerie et de tissus. A sa façade, on avait badigeonné en grosses lettres « Au Bon Marché ». Comme toutes les boutiques de l’époque, il était spécialisé dans la vente d’un seul type d’article. La loi le voulait ainsi. La clientèle avait le choix entre de bonnes étoffes qui étaient très chères, et des étoffes bon marché qui n’étaient pas de très bonne qualité. Le marchandage était de règle. Le bon vendeur était celui qui faisait le plus grand bénéfice. Son habileté consistait à placer la marchandise de camelote au prix de la marchandise de qualité, et cela à la tête du client.
Trente ans plus tard, sous l’impulsion d’Aristide Boucicaut, le petit magasin est devenu un véritable royaume. Un immeuble immense et luxueux abrite 70 rayons et 4000 employés dans ses 5 étages et ses 2 sous-sols. Un nouveau type de magasin est né : le grand magasin à rayons multiples. La grande nouveauté c’est une sorte de contrat de confiance établit entre le vendeur et l’acheteur. On vend seulement de la marchandise garantie. Plus de marchandage, on affiche les prix. Pour multiplier les ventes on se réserve à un tout petit bénéfice et même on peut rendre ou échanger les articles. « Satisfait ou remboursé », telle est la nouvelle formule.
Le succès fut éblouissant. Ce nouveau palace du commerce devint un but de promenade. Une véritable curiosité qu’il fallait absolument visiter. Chaque jour une énorme foule se pressait à ses portes. « Pensez, on entre sans permission comme dans un bois ! Et on est libre de ressortir sans rien acheter. On peut regarder, comparer demander tous les renseignements qu’on veut et quel choix