Innovation
Tugrul Atamer
Rodolphe Durand
Emmanuelle Reynaud
En 1942, Schumpeter, dans une formule lapidaire, écrivait que l’innovation est une « destruction créatrice », formule paradoxale qui traduit explicitement les deux faces du phénomène. L’innovation est évidemment porteuse de création à travers le changement de technique, de produit, voire de relations humaines qu’elle véhicule. L’innovation est ainsi vécue comme vecteur de progrès économique en élargissant les débouchés, en générant des emplois et des qualifications, en permettant de nouvelles pratiques organisationnelles, en augmentant la productivité, en transformant les modes d’usages et les mentalités, et, de façon ultime, en modifiant les normes ainsi que les référentiels sociaux. Mais l’innovation est aussi destructrice en ce qu’elle induit des phénomènes de substitution : elle fait disparaître des produits existants, anéantit des parts de marchés établies, rend obsolètes certaines compétences, supprime des emplois, et dissout l’ordre établi. Il n’est donc pas étonnant que les sciences sociales aient consacré, depuis une vingtaine d’années, un développement important à l’analyse de l’innovation et de ses conséquences. Pourtant, malgré ces deux faces contradictoires, dans l’ensemble, tout au moins dans les domaines de l’économie et du management, nous attribuons un signe positif à l’innovation. Implicitement, nous admettons que la différence entre ce qui est créé et ce qui est détruit génère un solde positif moteur du progrès, aussi bien économique que social. Même si le pessimisme postmoderne ou la critique de l’idéologie de progrès questionnent le bien-fondé de cette croyance, le paradigme dominant fait apparaître l’innovation comme un phénomène désirable ou, à tout le moins, nécessaire.
– INNOVATION ET MANAGEMENT STRATÉGIQUE
Le jugement de valeur positif accordé à l’innovation ne fait aucun doute dans le domaine du management stratégique. L’innovation est