intercultural communication
Tania Ogay
Université de Genève
INTRODUCTION
Travailler sur les questions interculturelles dans un environnement francophone mais en se référant principalement à des modèles nord-américains1 de la communication interculturelle peut permettre de ressentir ce que vivent les personnes que Bennett (1993) nomme les « marginaux culturels », c’est-à-dire des personnes qui ont internalisé deux ou plusieurs cadres de référence culturels et qui se trouvent en décalage avec les personnes solidement ancrées dans l’une ou l’autre culture. Cependant la double référence ne signifie pas uniquement décalage, elle implique également par définition une position de décentration, bien plus difficile à construire lorsqu’on ne s’identifie qu’à une seule culture. La difficulté à se décentrer se voit par exemple chez les chercheurs nord-américains qui se consacrent à l’étude de l’intercultural communication ; en effet, ils semblent souvent considérer que les questions posées par le contact de cultures se traitent
1. Pour être plus précis, il faudrait parler de modèles « états-uniens » plutôt que « nordaméricains », dans la mesure où les modèles en question proviennent des États-Unis d’Amérique et non pas du Canada, où la situation de la recherche interculturelle est fort différente et ne pourra être traitée dans le cadre de cet article.
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partout de la même façon qu’aux États-Unis, et que par conséquent la communication interculturelle est également une discipline académique reconnue en Europe comme elle l’est aux États-Unis. Ainsi, dans mes contacts avec les collègues nord-américains, ceux-ci me demandent fréquemment en toute innocence comment sont organisées les études de communication interculturelle en Suisse et en France, sans se douter que mes collègues francophones esquissent généralement une moue