Intervention paul fustier - irts paris - 2013
J'ai commencé à travailler en 1958, comme psychologue dans un centre pour délinquants ; un peu éduc, un peu psy, une posture bâtarde qui marie mon intérêt pour la théorie et pour la vie quotidienne. J'ai ensuite introduit l'analyse des pratiques dans une école d'éducateurs à Lyon. J'ai eu ensuite une carrière d'universitaire en psychologie, appuyée sur mon expérience pratique. Intervenant auprès de travailleurs sociaux et aussi en psychiatrie, j'ai surtout développé deux dimensions : les dispositifs dans les institutions, par exemple les repas, les réunions, les rencontres avec les familles, c'est à dire des tâches stables et organisées mais utilisées pour faire autre chose et qui prennent valeur clinique, psychique. Deuxièmement, j'ai eu beaucoup de demandes par rapport à la crise : « mon institution devient folle, allô docteur, que pouvez-vous faire par rapports aux fonctionnements aberrants ? » J'ai une longue expérience d'intervention dans les institutions, auprès de plus de 500, c'est mon terrain de pratique. Je m’intéresse à la question du quotidien, aux anecdotes, au sens des anecdotes ; c'est un point commun avec François Hébert. Ce que j'ai vécu, un événement qui accroche et qui laisse une impression désagréable, quelque chose échappe, de pas réglé, reste dans la tête et va ressortir à l'occasion d'une lecture. Donc pour notre rencontre d'aujourd'hui, deux points : je n'ai pas de réponses, je ne peux que penser les questions avec vous, pas apporter les réponses ; et je vous propose de partir d'anecdotes.
Naomi : mon anecdote est par rapport à ce que vous dites du don, contre don, du contrat salarial et de la position énigmatique. Lors d'un stage en CHRS une personne m'a invitée chez elle pour goûter les plats éthiopiens qu'elle cuisine et qu'elle voulait me faire découvrir. Je me suis