Je est un autre.
« Je est un autre »
C'est dans une lettre destinée à Paul Demeny en 1871, que le poète français Arthur Rimbaud écrivit la formule radicale « je est un autre ». Cette dernière soulève de nombreuses interrogations dans les courants philosophiques, tout comme les énigmes du moi, qui portent bien leur nom étant donné qu'une énigme est un mystère qu'il est difficile de percer à cause de l'obscurité des données qui pourraient permettre d'y répondre. Dans ce cas, l'obscurité vient par exemples de l'inconscience, de l'oubli, de la mauvaise foi ou encore de la méconnaissance de soi. De plus, ici les enjeux sont énormes, car il s'agit tout de même de notre vie : tout le monde a été au moins une fois durant son existence, amené à se demander « qui suis-je ? ». On est à la fois celui qui pose la question et celui qui détient la réponse mais pourtant si on pose la question c'est que, justement, on ne connait pas la réponse. Ceci est plutôt paradoxal. Par conséquent, on cherche la réponse ailleurs, chez autrui.
A travers le verbe être conjugué à la troisième personne du singulier dans « je est un autre », Rimbaud choisit d'exprimer une vérité du sujet « je », c'est pourquoi la formule n'est pas « je suis un autre ». Il faut alors se pencher sur la relation du sujet avec autrui. Mais à première vue, cette formule pourrait paraître absurde. En effet, « je » c'est celui qui parle, c'est l'identité de la personne, ce qui s'oppose à « un autre » qui est un étranger, une personne indéfinie et qui ramène donc à la notion d'altérité. Comment se pourrait-il alors que « je » et « un autre » ne fassent qu'un étant donné qu'ils sont apparement en contradiction l'un et l'autre ? L'expression « je est un autre » a-t-elle vraiment un sens ?
La formule de Rimbaud remet ainsi en question la frontière qui sépare l'identité de l'altérité. Où se situe donc cette limite ? Quel est le rôle de l'autre dans la formation du « je » ? Quel est ce rapport qui existe entre «