Jonas mekas
Jonas Mekas est né en Lituanie en 1922, au sein d'une famille d'agriculteurs. En 1944, son frère Adolfas et lui sont contraints de fuir leur pays envahi par l'Union Soviétique. Ils n'y reviendront que 27 ans plus tard. Enrôlés dans un camp de travail allemand, ils s'évadent et se cachent jusqu'à la fin de la guerre. Libérés, ils se retrouvent dans des camps de personnes déplacées jusqu'à leur exil forcé aux États-Unis.
Quand ils débarquent en octobre 1949 dans le port de New York, c'est pour aller travailler comme boulangers à Chicago, mais...
« Restons ici, tout est ici. Voici New York. Voici le centre du monde. Ce serait idiot d'aller à Chicago alors que nous sommes à New York. »
C'est ainsi que va démarrer la
«deuxième vie» de Jonas Mekas, celle de l'exilé involontaire dont le cinéma va devenir la patrie.
Durant les premières années, Jonas Mekas exerce toutes sortes de métiers en tant qu'ouvrier (confection, plomberie, nettoyage...), puis jusqu'en 1958 il est opérateur chez Graphic Studios. Il consacre tout son temps libre à se nourrir d'Art pour rattraper le temps « perdu » des années précédentes, continue d'écrire des poèmes ainsi que son journal intime, et commence les différentes activités qu'il ne cessera jamais d'exercer : cinéaste, critique et programmateur : « C'était dans ma nature de faire 100 choses en même temps et de travailler sur 100 niveaux ».
Impossible d'aborder l'œuvre de Jonas Mekas sans voir sa vie, tant les deux sont imbriquées, se nourrissant l'une de l'autre. Ce n'est pas tant l'intimité, dont Mekas ne laisse rien savoir, que sa manière d'être au monde et de penser le monde : un paysan qui se serait installé sur le pavé de New York et qui continuerait à regarder la terre comme s'il la voyait cachée derrière les désordres de la société moderne. Non pas qu'il juge ou critique, mais il observe et voit le monde avec à la fois exigence et bonté. Dureté de paysan qui sait ce qu'est de travailler la terre, âpreté de