Kâli décapitée les nouvelles orientales, marguerite yourcenar
Kâli décapitée :
Analyse grammaticale :
Kâli : Nom propre, manière de se rapprocher du personnage par la familiarité de l’emploi de son prénom.
Décapitée : participe passé à valeur d’adjectif : souligne que son passé est résolu que rien se sera plus jamais comme avant et sous-entend une fatalité par sa décapitation. Le participe passé est « masqué » car il est utilisé comme adjectif ce qui montre que contrairement au Sage, Kâli n’est pas clairvoyante.
Analyse rhétorique :
On remarque un jeu de sonorités sur les voyelles qui répètent deux fois les sons [ɑ] [i] [e] dans cet ordre.
L’association d’un prénom et d’un adjectif est singulière car cela donne l’impression que Kâli est désignée par l’adjectif « décapitée », que cela fait partie de son nom complet. C’est un choix de Marguerite Yourcenar pour différencier la déesse hindoue Kâli et la mi-déesse mi-humaine Kâli. L’adjectif « décapitée » rappelle une épithète homérique.
L’adjectif « décapitée » peut aussi faire écho à la représentation commune de la déesse hindoue Kâli, tenant dans une de ses mains droites, une tête coupée.
Etymologie :
Kâli : Kâli est une forme féminine dont le nom dérive du mot Kâla, le Temps en sanscrit, Celui qui détruit toute chose. Kâla, c'est aussi "le Noir". Kâli a donc été comprise comme "Celle qui est le Temps", "Celle qui dévore le Temps", "la Mère du Temps", "la Noire" ou encore "Celle qui est le Temps Noir". L'association de Kâli avec la noirceur contraste avec son pendant masculin, Shiva, dont le corps sombre est couvert des cendres blanches des champs de crémation où il a coutume de méditer.
Le mot Kâli vient du mot Kala, le Temps, ce qui fait bouger, mouvoir, évoluer l'Univers. Le Temps, qui est l'Eternité en mouvement, a dès son origine créé et détruit en permanence (Bhagavad Gîtâ, 11:32).
Décapitée : L’adjectif « décapitée » est composé du préfixe privatif « dé » du radical « capit » du latin « caput, capitis, » : « la tête » et