La boite à merveilles
C'était, en vérité, un grand jour. J'eus droit à ma djellaba blanche et je dus quitter celle de tous les jours, une djellaba grise, d'un gris indéfinissable, constellée de taches d'encre et de ronds de graisse. Lalla Aïcha éprouva toutes sortes de difficultés à s'arracher du matelas où elle gisait.
J'ai gardé un vif souvenir de cette femme, plus large que haute, avec une tête qui reposait directement sur le tronc, des bras courts qui s'agitaient constamment. Son visage lisse et rond m'inspirait un certain dégoût. Je n'aimais pas qu'elle m'embrassât. Quand elle venait chez nous, ma mère m'obligeait à lui baiser la main parce qu'elle était Cherifa, fille du Prophète, parce qu'elle avait connu la fortune et qu'elle était restée digne malgré les revers du sort. Une relation comme Lalla Aïcha flattait l'orgueil de ma mère.
Enfin, tout le monde s'engagea dans l'escalier. Nous nous trouvâmes bientôt dans la rue.
Les deux femmes marchaient à tout petits pas, se penchant parfois l'une sur l'autre pour se communiquer leurs impressions dans un chuchotement. A la maison, elles faisaient trembler les murs en racontant les moindres futilités, tellement leurs cordes vocales étaient à toute épreuve; elles devenaient, dans la rue, aphones et gentiment minaudières.
COMPRÉHENSION :
1. Donnez pour ce texte : l’auteur, le genre, la source, la date.
2. Situez le passage dans l œuvre dont il est extrait.
3. Qui sont les personnages présents dans ce texte ?
4. Le narrateur aime-t-il lalla Aicha ?justifiez.
5. Pourquoi ces mots sont ils soulignés ?
LANGUE ET STYLE : TRANSFORMEZ AU DISCOURS INDIRECT :
1. La mère demanda à son fils : «