La connaissance de la vérité donne-t-elle du pouvoir?

1949 mots 8 pages
Introduction
Dans le Phèdre, Platon affirme que toutes les âmes désirent la vérité, qui leur est aussi vitale que la nourriture l'est au corps. On peut cependant se demander si nous désirons toujours la vérité pour elle-même, ou pour ce qu'elle permet : celui qui sait semble à chaque fois acquérir une supériorité sur celui qui ne sait pas. On peut certes songer à celui qui, connaissant un secret inavouable, menace de parler et soumet ainsi au chantage ceux qui redoutent que cette vérité s'ébruite ; on peut aussi, plus simplement, penser au maître de l'art : après tout, si le maître forgeron commande à l'apprenti, c'est parce que le premier sait ce que le second ignore encore, c'est-à-dire comment faire exactement pour mener à bien le travail en cours. D'abord et le plus souvent donc, nous semblons désirer la vérité pour ce qu'elle nous permet : assurer sur autrui la supériorité de notre volonté. Mais est-ce bien ici la connaissance de la vérité comme telle qui nous donne du pouvoir ? En d'autres termes : quand nous cherchons la vérité pour le pouvoir qu'elle procure, est-ce encore de vérité qu'il s'agit ? Quand nous nous préoccupons uniquement de notre pouvoir sur autrui, et qu'ainsi nous asservissons la vérité à nos désirs, peut-on encore parler de connaissance, ou ne s'agit-il pas plutôt d'une modalité pervertie et dangereuse de notre rapport au vrai ?
Mais d'autre part, si nous affirmons que le désir de vérité doit être désintéressé, nous semblons livrer l'humanité à l'impuissance : après tout, la connaissance que le maître forgeron a de l'art de la forge lui permet certes de commander à l'apprenti, mais ce n'est pas son but premier : cette connaissance lui permet surtout de fabriquer, c'est-à-dire de peupler le monde d'objets qui permettent à l'homme d'aménager la nature pour en faire un lieu moins hostile et plus propice à sa survie. Lorsque la connaissance permet d'augmenter notre pouvoir sur les choses, il ne s'agit sans doute pas tant d'une perversion que

en relation

  • La rhétorique selon platon et la cuisine
    1367 mots | 6 pages
  • Peut-on aimer une oeuvre d'art sans la comprendre ?
    1171 mots | 5 pages
  • La conscience nous permet-elle d'accéder à la vérité?
    1575 mots | 7 pages
  • Le phédon, platoon
    286 mots | 2 pages
  • La validité de nos sens - allégorie de la caverne
    499 mots | 2 pages
  • Pourquoi désirer l'impossible?
    1870 mots | 8 pages
  • La question "qui suis-je ?" admet-elle une réponse exacte ?
    3049 mots | 13 pages
  • Mes documents
    2526 mots | 11 pages
  • L'opinion et la vérité selon Platon
    1111 mots | 5 pages
  • Peut-on désirer l'impossible
    2002 mots | 9 pages
  • Tlmdm. madelaine/ toinette
    1102 mots | 5 pages
  • Pour Ou Contre Les D Crets
    800 mots | 4 pages
  • Une vie sans examen vaut-elle la peine d'etre vécue ?
    1048 mots | 5 pages
  • Ton libérateur c'est le livre
    321 mots | 2 pages
  • Les formes du rire
    2957 mots | 12 pages