La connaissance de soi peut-elle être sincère ?
I. Analyse du sujet
La question porte sur la possibilité effective ou non d’un mode d’accès sincère à la connaissance de soi-même. Est-ce que, lorsque je prétends savoir qui je suis, je peux envisager ce savoir sans duplicité, sans mensonge, sans flatterie ni complaisance vis-à-vis de moi-même ? Ou bien chacun de nous est-il condamné à n’avoir de savoir de soi que partiel en raison de sa tendance à se dissimule son authentique personnalité ?
La connaissance de soi n’est pas la simple conscience immédiate que je suis et que j’existe. Elle implique un accès objectif, une suite d’observations neutres et distantes de soi par soi-même. Le Je (sujet) observe, analyse et explique le Moi ( objet) ainsi que le passé, le comportement et les désirs propres de la personne. Nous croyons nous connaître dans le cas où nous pouvons donner les causes et les motifs de nos actions. Si toute explication de notre comportement nous échappe nous n’avons qu’une connaissance partielle et mutilée de nous-mêmes. Mais attention, il ne fallait pas voir au travers de l’intitulé une invitation à discuter la possibilité d’une connaissance objective de soi-même. Il ne s’agit pas non plus de savoir si la connaissance peut être vraie. La difficulté est plus grande que cela puisque, au sens strict, il s’agit de définir les conditions de la sincérité d’une connaissance de soi.
À quelles conditions une connaissance de soi par soi peut-elle être sincère ? Remarquez l’étrangeté de la question puisque a priori on ne peut pas se mentir à soi-même. La personne la mieux positionnée – hormis Dieu pour un croyant – pour sonder la sincérité d’un de mes états d’esprit est bien moi-même, qui en suis l’auteur. Comment se cacher à soi ses véritables intentions ? Il me serait possible de ne pas être moi-même au point de ne pas reconnaître que ma façon de me connaître serait mensongère, fausse et biaisée par une intention cachée ? Si la connaissance de soi peut ne