La crise espagnole
Chômage de masse, crise bancaire et immobilière, déficits publics mal contrôlés… l'Espagne est plongée dans une crise complexe. Peut-elle y faire face seule? L'Europe aurait-elle les moyens de l'aider si besoin ?
1- De quoi souffre l'Espagne?
La croissance espagnole est en panne. Le pays a vu son activité reculer de 0,3% début 2012, après une baisse de même ampleur fin 2011. Le pays est frappé par un chômage de masse: près d'un actif sur quatre cherche un emploi. Il connaît également une grave crise immobilière depuis quatre ans. Et la chute des prix de la pierre ne ralentit pas, ils ont dégringolé de 7,2% durant les trois premiers mois de 2012. Chômage et crise immobilière ont engendré une crise bancaire, les établissements espagnols devant faire face à une hausse du nombre de mauvais payeurs. Au total, les «actifs à risque» dans l'immobilier représentent un peu plus de la moitié de leurs investissements dans ce secteur, soit 184 milliards sur un plus de 350 milliards d'euros.
Dans le même temps, le gouvernement de centre-droit de Mariano Rajoy applique la potion amère de la rigueur, ce qui plombe la croissance. Le déficit, c'est-à-dire la différence entre les recettes et les dépenses de l'État, pourrait malgré tout dépasser la cible fixée pour fin 2012 (5,3% du produit intérieur brut, ou PIB). Résultat, la dette est peu élevée (68,5% fin 2011), comparée à la moyenne de la zone euro (87,2%), elle gonfle rapidement. Pire, certaines régions font face à une situation financière catastrophique et l'Etat doit leur venir en aide. Il leur a versé 7 milliards d'euros depuis le début de l'année, soit presque un tiers de plus qu'en 2011 à la même époque.
2- Comment en est-elle arrivée là?
Tout a commencé il y a quatre ans avec la chute des prix sur le marché immobilier. Dans les années 2000 la croissance du pays a été en grande partie tirée par l'essor de la construction. Mais l'Espagne a trop construit et le marché s'est