La diversité et la différence
La différence, principe fondamental de l’état social aristocratique, a vu sa valeur politique mise en cause par l’émergence d’une démocratie confondant égalité et identité :
A. L’état social aristocratique se fonde sur une célébration de la différence, devenue principe d’organisation politique :
1.A rebours de toutes nos impressions spontanées, la célébration de la différence n’est pas propre aux sociétés développées du XXIe commençant, mais trouve sa plus belle expression dans les états sociaux aristocratiques. Il n’est en effet de hiérarchie sociale qui ne se fonde ouvertement sur les différences d’aptitude et de nature des individus. Comme le souligne Georges Duby dans Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, la tripartition fonctionnelle des sociétés féodales se présente d’abord comme une organisation sociale fondée sur les vocations différentes des individus. Entre ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent, il y a en effet moins une différence de nature qu’une différence d’aptitude ou de vocation. Au sein de la société féodale, la division du travail est en un sens à l’œuvre et la répartition des trois fonctions sociales essentielles se fait dans l’intérêt de tous : prier pour le salut de tous, combattre pour protéger la société des agressions extérieures et travailler pour nourrir la communauté, voilà en effet les trois grandes tâches sociales que répartit le féodalisme. Entre chacun des trois groupes, il n’y a pas d’inégalité foncière dans la mesure où chacune de ces fonctions revêt une certaine noblesse, mais simplement des rapports de préséance, le clergé occupant ainsi la première position par le rapport singulier qu’il entretient avec Dieu.
2. Mais l’imaginaire social de l’aristocratie ne se nourrit pas simplement du souci rationnel de répartir les fonctions au mieux des aptitudes des individus. Il se fonde également sur le sentiment d’une stabilité de l’ordre social semblable à celle de l’ordre naturel. Aussi ce