La femme désincarnée Oliver Sacks
3. Oliver Sacks établit un tableau clinique du cas de Christina et arrive au résultat suivant : Christina serait atteinte d’une polynévrite aiguë. C’est plus exactement une atteinte au niveau des nerfs, ici, d’un genre exceptionnel. Il s’agirait précisément d’une névrite sensorielle, affectant les racines sensorielles des nerfs spinaux et crâniens d’un bout à l’autre de l’axe cérébro-spinal.
Christina est en effet victime d’une perte de la « proprioception » de la tête aux pieds. Cette proprioception, que certains appelleraient notre « sixième sens » est en quelque sorte le moyen par lequel le corps se voit lui-même. Une « self-sensibilité ». La définition- même de la proprioception est quelque peu abstraite car, elle est pour nous inconsciente. C’est grâce à cette propriété que nous pouvons bouger, marcher, faire du sport sans être constamment en train de réfléchir à chaque mouvement de notre corps. Car nous n’y faisons jamais attention.
Le sens du corps est donné par la vue, par les organes de l’équilibre et par cette proprioception. Mais cette dernière propriété est justement défaillante chez Christina. Son corps fonctionne parfaitement, son cerveau aussi mais il n’y a plus de lien, elle n’a plus le « sens d’elle-même ». Pour elle, son corps est mort, irréel et n’est pas le siens. Elle le dit elle-même : « Je sens mon corps comme sourd et aveugle à lui-même ». Elle est « désincarnée » comme le décrit bien le titre de ce chapitre. Elle n’a également plus aucune sensibilité dans les muscles, les tendons et les jointures. Oliver Sacks a aussi remarqué que sa voix avait changé de tonalité, n’était plus la même qu’avant. Ce changement serait aussi du à la perte de proprioception. Etant donné qu’elle n’a pus aucun control inconscient de son corps, elle n’arrive donc pas à émettre de différents ton de voix, ses muscles vocaux sont aussi défaillants à cause de cette perte de proprioception.Enfin, les divers tests et examens