La forme et le style dans angéline de montbrun
Angéline de Montbrun
Angéline de Montbrun de Laure Conan est le premier roman psychologique canadien-français et l'un des premiers romans rédigés par une femme. Paru en 1884, c’est l’un des textes marquant de l’histoire de la littérature canadienne, d’autant plus qu’il est écrit à une époque où le roman était mal perçu. Ce roman est divisé en trois parties qui renvoient à trois genres littéraires différents : le roman épistolaire, la prose et le journal intime. Pourquoi Laure Conan utilise-t-elle différents styles dans un même roman? Nous examinerons ces styles d’écriture qui s’associent remarquablement bien aux différents états d’âme de son héroïne, et qui correspondent également à des périodes bien distinctes de sa vie.
La première partie du roman est écrite dans le style épistolaire, avec un recueil de 31 lettres. Ce genre littéraire est un échange de correspondance entre plusieurs personnes et s’apparente à une conversation écrite. La lettre est le seul moyen de communication lorsque les personnes sont éloignées et retranscrit sincèrement leurs réflexions et sentiments. Le destinataire, l’expéditeur et la date sont généralement indiqués. Dans Angéline de Montbrun, le lieu central est Valriant. Toutes les lettres sont échangées entre Valriant et le monde extérieur (Amprimoz 144-158). Ce nom indique par sa sonorité, un endroit joyeux. C’est effectivement d’abord un lieu de bonheur partagé, sorte de paradis sur terre. La succession des lettres construit l’histoire et permet au lecteur de connaître la personnalité et la sensibilité des personnages du roman qui se livrent de confidence en confidence. Angéline apparaît insouciante, gaie, naïve, innocente, attachée à son père par un amour sans bornes, et d’une merveilleuse beauté. Maurice est éperdument amoureux d’Angéline, sa “fleur des champs” (Conan 17). Les lettres montrent également la vie quotidienne des personnages du roman et par la même, la vie sociale et les mœurs du