La france des "petits moyens"
L’enquête sur les pavillonnaires de la banlieue parisienne s’inscrit dans le renouveau de la sociologie de la stratification sociale qui rappelle que les inégalités de revenus, de patrimoines, de capitaux culturels sont importantes et tendent même à s’accentuer entre classes sociales. Les auteurs rendent ainsi compte des nombreux malentendus qui s’opèrent à propos des strates « moyennes » plus marquées par leurs divisions internes, sociales, générationnelles, salariales, culturelles, spatiales, que par ce qui les lierait. Le livre prend donc le partie d’analyser une strate spécifique, celle des habitants des pavillons situés à la frontière entre les classes populaires les plus favorisées et le bas des classes moyennes. Elles se caractérisent par l’occupation de positions professionnelles subordonnées : des employés et des techniciens ainsi que des cadres moyens. Cependant, les orientations de leur parcours social et professionnel ne correspondent pas à une ascension sociale mais comportent de nombreux accidents et revirements, des mobilités de faible ampleur.
Sans ignorer les différences entre classes sociales que font apparaître les statistiques dans les enquêtes sur les CSP, l’enjeu de l’enquête est de mettre à jour les différences « internes » (en fonction du diplôme, du quartier résidentiel...) grâce à l’enquête ethnographique. Citons les auteurs : « mais en se plaçant sur une durée un peu longue, en remontant aux années 1960 et 1970 qui ont vu se “ détendre ” les mécanismes de la reproduction, il s’agit justement d’analyser les conditions de possibilité et les effets variés des “ petits déplacements sociaux ”, des ascensions sociales modestes, et leur évolution au fil de générations qui occupent successivement ces positions de “ petits moyens ” » (pp. 14-15).
Les « petits-moyens » de l’enquête appartiennent à trois cohortes nées pour la première dans les années 1940 connaissant une