La laitière et le pot au lait
Le rêve de Perrette nous transporte dans l'univers rustique. Si l'enjeu de la fable est de nous faire prendre conscience des limites de l'imagination, il s'agit aussi pour La Fontaine de nous en faire sentir "sa douceur".
La structure de la fable
Le récit, au début de la fable, permet de situer le personnage et l'action (exposition: v. 1-6) en insistant sur la sûreté de la démarche de Perrette. On passe ensuite à une forme de discours indirect libre où l'on prend connaissance de la "pensée " de la laitière (v. 7-11 pour aboutir au discours direct (v. 12-21) qui permet à la rêverie de prendre consistance (ampleur du discours et taille des animaux, de plus en plus gros. Mais le retour au récit (v. 22-29) est en même temps un retour à la réalité et à la déconvenue (la catastrophe est rendue par l'énumération du v. 23). Récit et discours s'opposent ici non seulement par leur forme mais aussi par leur contenu. Enfin, la fable se termine par une réflexion sur le statut de l'imagination; le propos, d'abord général permet à l'auteur d'intervenir sur le mode lyrique (« Quand je suis seul.. . », v. 38) et de faire part de son propre plaisir quand il se perd dans ses songes.
La paysanne et son univers
À travers le personnage de Perrette se dessine une image de l'univers paysan: elle se rend pour son commerce « à la ville », but du parcours, terme de la phrase et du vers. Ses préoccupations sont dignes d'un entrepreneur agricole (« prix », « argent », « acheter », « coûter », revendre », « argent bel et bon », « prix »); elle peint sous forme de petits tableaux vivants son univers rustique: « élever des poulets autour de ma maison »(v. 13); « une vache et son veau / Que je verrai sauter au milieu du troupeau » (v. 20-21). Le conteur toutefois prend une certaine distance ironique par rapport à son personnage (« Notre laitière », v. 7; « La dame de ces biens », v. 24-; « récit en farce ») et n'omet pas de rappeler la rudesse des mœurs paysannes (« en grand