La mal du xxème siècle
Quelques notes de lecture pour Petite métaphysique des tsunamis, Jean-Pierre Dupuy, Seuil, 2005.
JP Dupuy a également écrit Pour un catastrophisme éclairé en 2002, d’où je tire :
« La catastrophe a ceci de terrible que non seulement on ne croit pas qu’elle va se produire, mais qu’une fois produite elle apparaît comme relevant de l’ordre normal des choses. »
L’essai de 2005 réfléchit à comment penser le mal au XXIème siècle, et y inclut aussi bien le tsunami de 2004 à Sumatra que trois catastrophes, Auschwitz, Hiroshima et Nagasaki, revenant même sur le tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Le lecteur sursaute car dans le premier cas et celui de 1755, on a affaire à une catastrophe « naturelle », tandis que dans le second, la tragédie est morale, et liée à des activités et des intentions humaines. Mais une certaine pensée du mal, issue de la réflexion d’Hannah Arendt par exemple, consiste à voir dans le mal paroxystique tel que nous l’avons connu avec le nazisme, une atteinte à l’ordre naturel du monde, tout comme un tsunami ou un tremblement de terre ébranle la planète. Les catégories morales habituelles ne s’appliquent plus, l’énormité de l'horreur exonère en quelque sorte les individus de toute responsabilité individuelle, entraînés comme fétu dans la tourmente.
Or JP Dupuy voudrait sortir de ce genre de logique de l’impuissance, qui finit par voir dans l’avenir une fatalité ou un destin inéluctable– cela devait arriver, c’était inévitable, inscrit dans la nature humaine etc « La méthode du catastrophisme éclairé consiste à traiter la catastrophe future sur le mode d’un destin, d’une fatalité, ne résultant d’aucune intention humaine, mais un destin ou une fatalité que nous restons libres d’écarter. » Au mal naturel ou moral, Dupuy voudrait substituer la notion de mal systémique, une multitude d’enchaînements, de décisions prise à courte vue.
Dupuy exhorte à prendre en compte ce que l’on sait et agir en