La monnaie marchande fiche (culture générale)
« La monnaie marchande est si souple, si plastique, si indifférente, que rien ne semble, en principe, pouvoir échapper à son évaluation. »
La richesse infinie des besoins humains est telle qu´elle nous interdit de penser l´ individu indépendamment de son enracinement culturel et de sa dépendance sociale : la division du travail est inscrite dans le concept de société, et c´est précisément cette interdépendance entre les individus qui produit à la fois la liberté née de la satisfaction des besoins et la lutte, parfois aliénante, pour la reconnaissance sociale. La monnaie marchande, de ce point de vue, joue un rôle décisif dans la constitution des rapports sociaux, puisqu´elle seule permet l´échange généralisé de toutes les marchandises. Le problème aristotélicien de savoir combien de lits peuvent valoir une maison trouve ainsi sa solution dans la constitution d´un équivalent général, garant de la commensurabilité des richesses. C´est dans cette perspective qu´on peut lire l´affirmation de M. Hénaff, d´après laquelle "la monnaie marchande est si souple, si plastique, si indifférente, que rien ne semble, en principe, pouvoir échapper à son évaluation". Autrement dit, il est dans sa nature ("en principe") de mettre en rapport des choses qui, du point de vue de la valeur d´usage, sont indépendantes. Elle est "souple", parce qu´elle permet l´échange universalisé, à la différence du simple troc qui dépend du point de vue subjectif (utilité) du consommateur, elle est "plastique" dans la mesure où son statut d´ équivalent général abstrait ne lui assigne a priori aucune forme particulière, et, enfin, elle est "indifférente", puisqu´elle assigne aux marchandises une valeur commensurable - quantitative - indépendamment de leur valeur "qualitative" subjective. En confiant à la monnaie marchande le soin d´évaluer, c´est-à-dire de donner une valeur à toute chose,