La technique et sa morale
On peut donc se demander si la technique peut transformer la morale. La technique désigne à proprement parler le domaine du savoir-faire qui use d’outils, c’est-à-dire de moyens fabriqués en vue de certaines fins. Comme le souligne Kant dans la Critique de la faculté de juger (1790), il ne suffit pas de connaître les chaussures pour être cordonnier. Il faut savoir les fabriquer, ce qui ne s’apprend que par la pratique. La technique apparaît alors comme indépendante de la morale qui elle a pour domaine le bien et le mal et partant les fins à poursuivre et celles à éviter.
En effet, une question technique relève de ce que Kant nomme un impératif hypothétique. La fin étant posée, je cherche quel moyen peut me permettre de la réaliser au mieux. Mais que je doive poursuivre cette fin, aucune technique ne me le dit quant au fond. En effet, lorsque la question de la réalisation de la fin est une question technique c’est qu’elle le moyen d’une autre fin. En dernière instance, les fins ultimes, c’est-à-dire les fins qui ne sont jamais les moyens d’autre chose ne ressortissent pas à la technique mais à la morale. Les fins morales relève de l’impératif catégorique qui me prescrit ce que je dois faire sans condition.
Que de nouvelles techniques ne puissent transformer la morale se montrent par le fait que c’est au contraire la morale, bien ou mal comprise d’ailleurs, qui les justifie. Ainsi les problèmes liés à la procréation assistée ont